Partant en Croisade avec
Philippe Auguste, Richard Cœur-de-Lion confirmera les dons faits par son
père aux ermites de Grandmont-Villiers en 1189. Il nous reste peu de
documents concernant l’histoire de la maison au Moyen-Âge. On voit en 1200
Geoffroy de Palluau, seigneur de Montrésor, confirmer le don d’un
«luminaire » pour l’église de Villiers fait par un seigneur de Marsin (Genillé)
- Abbé Jean-Louis Denis, Cartulaire de l’Abbaye de Villeloin.
En 1295, il y avait environ
vingt frères dans la maison, six clercs et une douzaine de frères convers.
Une réorganisation de l’ordre par le Pape Jean XXII en 1317 ne gardera que
39 maisons «actives» sur 160 avec concentration des effectifs. Les maisons
conservées, dont Grandmont-Villiers, prendront le titre de «prieuré». Le
prieur de Grandmont, supérieur général, prendra, lui, le titre d’Abbé de
Grandmont.
Le prieuré de Villiers
comprendra alors une trentaine de frères. À cette époque, il reçut la
visite du roi Charles IV le Bel (1323). Ce sera un bref renouveau car la
peste ravageant la région, dut, ici comme ailleurs, réduire les effectifs.
Vers 1358-1360, comme les
abbayes voisines de Villeloin, Beaugeray, Aigues-Vives (près Montrichard),
Beaulieu-lès-Loches, la chartreuse du Liget, le prieuré connaîtra la
visite incendiaire des bandes Anglo‑Navarraises installées au château du
Plessis (Nouans-les-Fontaines) et à Châteauvieux (Loir et Cher).
La dénatalité, conséquence
des guerres et de la peste réduira le recrutement. Vers 1420 les frères ne
seront plus que cinq ou six. Ce qui ne les empêchera pas de recevoir les
28 et 30 novembre 1472 le roi Louis XI qui a daté du prieuré deux de ses
ordonnances. En 1495, l’installation par le roi du système de la
commende - Système dans lequel le supérieur des monastères n’est plus un
moine élu par ses frères, mais un séculier, désigné par le roi pour «
caser» des fils de familles nobles et faire vivre ces familles aux dépens
de l’institution monastique - accélèrera la dévitalisation des monastères.
Ces commendataires
s’arrangeront pour ne laisser subsister dans les maisons que le nombre de
moines strictement requis par le droit canon pour définir juridiquement
une communauté, soit trois moines.
Les frères ne disposeront
plus alors que du tiers des revenus du domaine. Cette situation durera
jusqu’en 1772 où la Maison Mère de Grandmont et ses biens situés en
Limousin sont donnés à Mgr. Du Plessis d’Argentré, Évêque de Limoges pour
permettre à ce prélat d’éponger les dettes somptuaires contractées pour
l’édification de son palais épiscopal (100 000 livres).
Les revenus de
Grandmont-Villiers consacrés à l’entretien des frères passent alors au
séminaire de Tours. Les derniers frères, Henri Besse, Claude Salmon, et le
prieur Jean Martin ferment la maison et rentrent dans leur famille.
Le commendataire Louis
Jacques de Baraudin, resté dans les murs, obtiendra du roi en 1780 le
droit de raser l’église et les bâtiments du monastère sauf la partie sud
conservée comme résidence de campagne. Il fit alors abattre le sanctuaire
de l’église et la fit transformer en grange, et la plus grande partie du
bâtiment Ouest.
Il fit aussi démolir et
murer la façade du chapitre et se réservait encore en 1789 le droit de
raser ce qui restait encore debout hors du bâtiment sud. Il mourut en
1790.
La maison est vendue comme
bien national en 1792. Elle sera rachetée en mai 1851 par François Xavier
Branicki, propriétaire du château de Montrésor. Le reste du domaine sera
racheté en 1878 par Constantin Grégoire Branicki.
Le prieuré deviendra ferme
et rendez-vous de chasse jusqu’en 1963. Occupé peu de temps par des
tapissières, il sera ensuite abandonné à la ruine. Le prieuré fut loué en
emphytéose en 1980 pour y installer avec l’accord de Mgr. Ferrand,
Archevêque de Tours, des ermites s’inspirant des écrits spirituels de
saint Etienne de Muret.
Aujourd'hui, trois frères y mènent une vie pauvre, solitaire et
fraternelle tout en réhabilitant les bâtiments. |