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gnorés par le visiteur un peu pressé, confondus, lorsqu'ils ont été remarqués, avec des colombiers, les fours à chanvre représentent pourtant une véritable richesse architecturale pour le milieu rural sarthois. Vestiges d'une industrie originale, ils restent les témoins valorisants d'un monde agricole capable de transformer lui-même, chez lui, sa propre production. N'allez pas chercher un four dans une ferme, tout près des bâtiments d'exploitation et d'habitation. Non, vous le trouverez généralement dans un endroit reculé de la cour de la ferme. Isolé, il l'était pour d'évidentes raisons de sécurité. C'est que les incendies de fours n'étaient pas rares. Il faut dire que pour réaliser l'opération de séchage, on devait placer les gerbes le plus près possible de l'âtre, la chaleur diffusée par un vaste couvercle, l'étoupa, s'introduisant dans dans la chambre de séchage par le plancher à claire-voie. Il suffisait alors qu'un seul brin de chanvre vienne au contact de couvercle surchauffé pour que le chargement tout entier s'embrase. Mis en quarantaine, loin de la ferme, le four à chanvre restait généralement associé à deux autres éléments du paysage rural : la mare et l'étang. Le hangar, appelé généralement la loge, abritait les hommes qui devaient broyer les gerbes de chanvre séchées (consultation du site www.sarthe.com en 2009). | ||
La culture du chanvre en Sarthe remonte à plusieurs siècles, mais c'est à partir du XVIIIe siècle que cette plante fournissant la matière première à la fabrication de toiles connaît son plein essor. Dès les années 1870, le déclin de la culture du chanvre s'amorce. Malgré tout, en 1914, la Sarthe est encore le premier département chanvrier. Entre les deux guerres, la culture du chanvre se pratique dans les trois zones du département déjà cultivées au XVIIIe siècle : le Belinois, le Saosnois et dans la campagne au nord du Mans. Dans les années 1950, la tentative de reconversion du chanvre et de son industrie (implantation à Vivoin et Beaumont-sur-Sarthe d'une unité de production de pâte à papier utilisant le chanvre) échoue. Le nord de la Sarthe possède de nombreux fours à chanvre, témoins de cette activité. La transformation du chanvre débutait par le rouissage. Il s'agissait de le faire macérer un certain temps dans l'eau afin de faciliter la séparation de l'écorce et de la fibre filamenteuse. Le séchage et le broyage du chanvre avaient lieu en hiver. Les fagots étaient entassés dans la chambre de séchage du four à chanvre, qui n'a fait son apparition qu'au XIXe siècle ; auparavant, le séchage s'effectuait dans la maison. La culture du chanvre a fait la richesse des paysans sarthois, fournissant la matière première indispensable à la fabrication de cordages pour les navires, ainsi qu'à celle des toiles par des tisserands mi-paysans, mi-artisans. Dans une exploitation type, un hectare de chanvre rapportait deux fois et demi plus qu'un hectare de céréales (consultation du site www.sarthe.com en 2015). | ||
La tourelle et le site de la Corroirie allient toutes ces caractéristiques. |