le tympan, côté forêt

ruines de l'église

LA CHARTREUSE DU LIGET entre Montrésor et Loches D 760

Selon la tradition cartusienne, Le Liget aurait été fondé par Henri II Plantagenet, roi d'Angleterre et comte d'Anjou, en expiation du meurtre, perpétué sur son ordre, de Saint Thomas Becket, archevêque de Canterbury, les annalistes de l'Ordre fixent la date de l'événement à l'année 1178. Mais il y a tout lieu de

penser que la fondation se situerait plutôt vers 1188-1189. Au cours des âges, les papes et les rois s'intéressèrent au Liget qui bénéficia de leurs largesses et de maints privilèges. Aliénor d'Aquitaine, Charles VI, Charles VII et Louis XI y reçurent l'hospitalité. Au XVIIe siècle, Michel de Marolles, abbé de Villeloin, écrivain érudit et fécond, y venait souvent. Le frère du grand cardinal, Alphonse de Richelieu, y résida deux ans avant d'être envoyé à Lyon en qualité de cardinal-archevêque. A la Révolution, la Chartreuse fut vendue comme bien national. L'acquéreur démolit tout ce qui avait un caractère religieux et vendit les pierres aux environs (1). La propriété foncière, vendue elle aussi dans les mêmes conditions, était considérable, 2 500 hectares de terre et une partie de la forêt de Loches.

(1) "Promenades dans la Touraine" - A. Monteil - Mame, 1861

Il subsiste peu de choses de l'imposant ensemble qui avait été presque complètement remanié à la veille de la Révolution, comme le prouvent un plan de 1787 et les comptes conservés aux archives d'Indre-et-Loire. Un portail monumental (XVIIIe) accueille le visiteur. Son tympan est orné de deux bas reliefs : l'un, face à la forêt, rappelle Saint Bruno, fondateur de l'Ordre ; l'autre, face à la Chartreuse, est consacré à Saint Jean-Baptiste, sous le vocable duquel le monastère avait été placé. En pénétrant plus avant, nous trouvons deux pavillons (XVIIIe), celui de gauche abritait le portier, celui de droite servait de salle à manger pour les hôtes féminins. Un peu plus bas, sur une terrasse, à main gauche, s'élèvent encore les communs (XVIIIe), ayant, autrefois, la menuiserie, la forge, la vitrerie, la serrurerie, la boulangerie et la cuisine des serviteurs. Dans le fond du vallon se dressent les ruines de l'église (XIIe), dont l'orientation est-ouest est classique. Seuls subsistent les murs de la nef, la façade conserve intacte sa porte de plein cintre, précédée des fragments d'un narthex. Restaurée à la fin du XVIIIe siècle, l'église conserve néanmoins des caractéristiques angevines très sensibles. A l'intérieur, des poteries acoustiques. Du grand cloître rectangulaire, remis en état au XVIIIe siècle, la partie ouest-est est restée : elle abrite la table de cuisine du monastère. Sur le mur des cellules, on aperçoit les 19 guichets qui permettaient de communiquer avec chaque cellule et par lesquels les religieux recevaient leurs repas. Les jardins possèdent des viviers alimentés par les eaux du Liget qui s'écoulait vers le nord-est, par des souterrains qui desservaient les cellules. La clôture de la Chartreuse est faite de hauts murs portant une échauguette à chacun de ses angles et une tour de guet, au nord-est du cloître. Elles servaient de défense pendant les guerres de Cent Ans et les guerres de Religion durant lesquelles Le Liget fut pillé et dévasté.
"La Chartreuse du Liget" - G. Philippon in Bulletin de la Société Archéologique de Tours, 1er et 2e trimestres 1934

En venant de Montrésor, dans le vallon, on a vu l'une de ses dépendances :  la Corroirie,  "maison basse" fortifiée du XVè.


la chapelle

détail de la fresque

LA CHAPELLE SAINT JEAN DU LIGET

Située à l'ouest de la Chartreuse, cette chapelle du XIIe siècle commémorerait le premier emplacement des religieux. Sur ses murs, sont peintes de remarquables fresques de la même époque qui sont "une méditation chrétienne sur les grands mystères de la Foi qui tournent autour de l'Incarnation Rédemptrice du Verbe" (1). (Des reproductions sont exposées au Palais de Chaillot).

(1) "La Nuit des Temps", "Le Zodiaque" - La Pierre qui Vire, Yonne

Il est possible de se rendre à la chapelle en suivant le sentier pédestre qui rejoint l'Étang du Pas aux Ânes.