L'ermitage de Grandmont-Villiers 
 

Fondé en 1162 par Henri II Plantagenêt. Par le frère Philipe-Etienne, ermite.

Le 8 février 1124 mourait saint Étienne de Muret - Lieu-dit où vécut et mourut saint Étienne, commune d’Ambazac (Haute-Vienne). L’année suivante, ses disciples transférèrent le corps de leur père et leur communauté à huit kilomètres de là, au lieu dit Grandmont - Commune de Saint-Sylvestre (Haute-Vienne) - donnant ainsi naissance à un ordre d’ermites pauvres qui se développera au XIIe et XIIIe siècles, comptant jusqu’à 160 maisons en France, 3 en Angleterre et 2 en Navarre espagnole.

Les rois de France, Louis VII et Philippe Auguste, comme la famille des Plantagenêt, régnant sur la Touraine, le Maine, l’Anjou, la Normandie, l’Aquitaine et l’Angleterre, protègeront, dans leurs domaines, l’implantation de l’ordre naissant.

Henri Il Plantagenêt, élevé par sa mère Mathilde «l’Impéresse» dans la vénération du fondateur de Grandmont, n’aura de cesse, devenu roi d’Angleterre (1156), de créer sept maisons dans ses domaines : le Pare-lès-Rouen, La Haie d’Angers, Sermaize (La Rochelle), Bercey (forêt de Bercé, Maine), Grandmont-lès-Chinon (alias Pommier-Aigre), Grandmont-lès-Tours (alias Bois-Rahier, Grandmont-Villiers (alias Villiers, Villiers-près-Loches, Villiers-près-Montrésor) ce dernier fondé dans la paroisse de Coulangé sous le vocable de «Notre-Dame et saint Étienne ».

En 1157, les douze premiers ermites de Grandmont arrivèrent et s’installèrent dans des cabanes en bois. En 1162, le roi confirmera ses dons : une rente annuelle de 36 livres à prendre sur le trésor royal et environ 100 à 120 hectares de bois, landes et prairies appuyés à l’Est sur la « voie publique » de Saint-Aignan à Châtillon-sur-Indre. Les bâtiments s’élèveront vers 1170.


   Destructions  successives

1360 - 2 et 3
1650 - 13
1724 - 6 mètres de l’église côté ouest.
1724 - Construction des piles.
1724 - 7
1780 - 14 sanctuaire de l’église
1780 - 5 façade chapitre bâtiment ouest
1780 - 12 et 11
Après 1851 - 10
Juillet 1902 - Effondrement de la voûte de la nef

  1. Église
2. Portique - Parloir
3. Chapelle des hôtes
4. Passage du cimetière
5. Salle capitulaire
6. Cellier
7. Latrines
    8. Réfectoire
  9. Cuisine
10. Couloir
11. Réfectoire des hôtes
12. Salle du colloque - Accès au cloître
13. Cloître - (Galeries ruinées 1650) et escalier d’accès au 1er étage
14. Autel du sanctuaire

Partant en Croisade avec Philippe Auguste, Richard Cœur-de-Lion confirmera les dons faits par son père aux ermites de Grandmont-Villiers en 1189. Il nous reste peu de documents concernant l’histoire de la maison au Moyen-Âge. On voit en 1200 Geoffroy de Palluau, seigneur de Montrésor, confirmer le don d’un «luminaire » pour l’église de Villiers fait par un seigneur de Marsin (Genillé) - Abbé Jean-Louis Denis, Cartulaire de l’Abbaye de Villeloin.

En 1295, il y avait environ vingt frères dans la maison, six clercs et une douzaine de frères convers. Une réorganisation de l’ordre par le Pape Jean XXII en 1317 ne gardera que 39 maisons «actives» sur 160 avec concentration des effectifs. Les maisons conservées, dont Grandmont-Villiers, prendront le titre de «prieuré». Le prieur de Grandmont, supérieur général, prendra, lui, le titre d’Abbé de Grandmont.

Le prieuré de Villiers comprendra alors une trentaine de frères. À cette époque, il reçut la visite du roi Charles IV le Bel (1323). Ce sera un bref renouveau car la peste ravageant la région, dut, ici comme ailleurs, réduire les effectifs.

Vers 1358-1360, comme les abbayes voisines de Villeloin, Beaugeray, Aigues-Vives (près Montrichard), Beaulieu-lès-Loches, la chartreuse du Liget, le prieuré connaîtra la visite incendiaire des bandes Anglo‑Navarraises installées au château du Plessis (Nouans-les-Fontaines) et à Châteauvieux (Loir et Cher).

La dénatalité, conséquence des guerres et de la peste réduira le recrutement. Vers 1420 les frères ne seront plus que cinq ou six. Ce qui ne les empêchera pas de recevoir les 28 et 30 novembre 1472 le roi Louis XI qui a daté du prieuré deux de ses ordonnances. En 1495, l’installation par le roi du système de la commende - Système dans lequel le supérieur des monastères n’est plus un moine élu par ses frères, mais un séculier, désigné par le roi pour « caser» des fils de familles nobles et faire vivre ces familles aux dépens de l’institution monastique - accélèrera la dévitalisation des monastères.

Ces commendataires s’arrangeront pour ne laisser subsister dans les maisons que le nombre de moines strictement requis par le droit canon pour définir juridiquement une communauté, soit trois moines.

Les frères ne disposeront plus alors que du tiers des revenus du domaine. Cette situation durera jusqu’en 1772 où la Maison Mère de Grandmont et ses biens situés en Limousin sont donnés à Mgr. Du Plessis d’Argentré, Évêque de Limoges pour permettre à ce prélat d’éponger les dettes somptuaires contractées pour l’édification de son palais épiscopal (100 000 livres).

Les revenus de Grandmont-Villiers consacrés à l’entretien des frères passent alors au séminaire de Tours. Les derniers frères, Henri Besse, Claude Salmon, et le prieur Jean Martin ferment la maison et rentrent dans leur famille.

Le commendataire Louis Jacques de Baraudin, resté dans les murs, obtiendra du roi en 1780 le droit de raser l’église et les bâtiments du monastère sauf la partie sud conservée comme résidence de campagne. Il fit alors abattre le sanctuaire de l’église et la fit transformer en grange, et la plus grande partie du bâtiment Ouest.

Il fit aussi démolir et murer la façade du chapitre et se réservait encore en 1789 le droit de raser ce qui restait encore debout hors du bâtiment sud. Il mourut en 1790.

La maison est vendue comme bien national en 1792. Elle sera rachetée en mai 1851 par François Xavier Branicki, propriétaire du château de Montrésor. Le reste du domaine sera racheté en 1878 par Constantin Grégoire Branicki.

Le prieuré deviendra ferme et rendez-vous de chasse jusqu’en 1963. Occupé peu de temps par des tapissières, il sera ensuite abandonné à la ruine. Le prieuré fut loué en emphytéose en 1980 pour y installer avec l’accord de Mgr. Ferrand, Archevêque de Tours, des ermites s’inspirant des écrits spirituels de saint Etienne de Muret.

Aujourd'hui, trois frères y mènent une vie pauvre, solitaire et fraternelle tout en réhabilitant les bâtiments.


Le prieuré peut se visiter le dimanche après-midi de 15h30 à 17h30 du 2 novembre au dimanche des Rameaux et tous les après-midi du lundi de Pâques au 31 octobre. Fermé Noël, semaine Sainte, Pâques, dernier dimanche d’août.
Offices publics : dimanche messe à 10h. Vêpres à 18h30.
Jour de Noël et jour de Pâques, Messe à 10h30. Téléphone 02 47 92 76 48


Vous trouverez un complément d'informations sur l'Ordre de Grandmont en consultant le site de  Michel FOUGERAT-